Que vous soyez un joueur étoile ou non, sachez que même les pros ont du mal à s’en tenir aux routines. Les saisons difficiles – lorsqu’une équipe fait face à une série de défaites, par exemple – ou les changements de carrière, peuvent soulever des doutes quant à la nécessité d’une routine.
« Il m’arrive d’avoir une conversation avec un joueur – et ça s’est produit à plusieurs reprises durant ma carrière – lorsqu’il commence à devenir complaisant », dit Jon Lee, entraîneur en force et en condition physique des Raptors de Toronto.
Lee dit qu’il doit souvent faire le point avec les joueurs lorsque leur situation change. Il se peut qu’ils jouent moins, parce que leur rôle a changé au sein de l’équipe. Ou peut-être qu’ils sont rendus à un point dans leur carrière où ils sont davantage considérés comme des vétérans. Ces situations ne sont pas différentes des circonstances qu’on rencontre dans notre propre vie. Les remises en question ne touchent pas seulement les joueurs. Que ce soit au travail ou dans notre vie personnelle, il nous arrive à tous de douter de notre engagement à notre routine. On peut se demander si on atteindra un jour les objectifs que l’on s’est fixés.
Dans ces moments, Lee recommande d’aborder la question sous un nouvel angle. « Je vais avoir une discussion à cœur ouvert avec eux, et je vais leur demander quels sont leurs objectifs pour les deux prochaines années ».
Lee travaille avec les athlètes pour définir leur avenir à court terme. Ensemble, ils se concentrent sur des questions comme « Où te vois-tu à un moment précis dans le futur? Combien d’années envisages-tu encore à ta carrière professionnelle? » Ainsi, Lee est en mesure d’obtenir une idée de base de ce qui importe aux joueurs. Avec ces informations, il peut changer leurs routines ou même en élaborer de nouvelles pour mieux les aider à atteindre leurs objectifs. Puisqu’il a travaillé avec eux et qu’il connaît leurs capacités, Lee va pousser ses joueurs. Cela peut finir par ajouter quelques années de jeu à leur objectif initial.
"Nous passons tous par des moments où nous nous demandons si nous pouvons nous en tenir à nos habitudes.
Pour les pros, cet ajustement dans leur routine s’accompagne de changements rigoureux à leur programme d’entraînement. S’ils persévèrent à maintenir une routine, ils pourraient prolonger leur carrière. Lee note que c’est tout aussi important de penser aux routines sur le long terme si on n’est pas un pro. Les raisons qui nous motivent à persévérer sont bien plus personnelles.
Plutôt que d’envisager la question sous l’angle de la carrière, comme il le fait pour ses joueurs, Lee pense à sa fille.
« Qu’êtes-vous prêt à faire pour vos enfants? La plupart des gens sont prêts à tout. Et si votre santé n’est pas bonne, ce ne sera pas sain pour votre enfant », souligne Lee. « Alors, je verrais les enfants comme une motivation pour être en bonne santé. Je pourrai alors jouer avec eux, bouger avec eux et passer du temps avec eux. »
Jen Sygo, nutritionniste de l’équipe des Raptors, aborde les problèmes de routines avec la même honnêteté. Et aussi avec un peu plus de souplesse.
"Sygo aime considérer la discipline comme un muscle qui se renforce grâce à la prise de décision.
« Nous voulons que nos habitudes alimentaires, et chacune de nos habitudes de vie, aient le même degré de facilité », dit Sygo. Si on se lève le matin sans grande envie d’effectuer notre routine, ça sera difficile de l’instaurer au quotidien à long terme.
Sygo considère la discipline comme un muscle qui se développe avec la prise de décisions. Comme tout muscle, la discipline peut être surutilisée. Sygo souligne qu’on prend tous des centaines de décisions au cours d’une journée. À la longue, le fait de refuser sans cesse les tentations devient épuisant. Voilà pourquoi on lâche souvent l’affaire et on commande un plat à emporter, ou on se serre le verre de vin de trop. Le stress et la fatigue du quotidien prennent souvent le dessus.
Ça peut mener à un sentiment de déception. Vous serez donc moins enclin à vous en tenir à votre routine. Pour contrer ce cycle de négativité, Sygo suggère d’élaborer des routines réalistes. On a besoin de routines qui résonnent assez fort en nous pour qu’on les respecte.
"Nous avons besoin d'une routine à laquelle nous nous sentons suffisamment forts pour nous tenir.
« Pour devenir automatiques, les routines positives doivent être faciles », souligne Sygo. « Les gens doivent être capables de les exécuter même lorsque leur discipline est faible et qu’ils sont très fatigués. Ça améliore les chances de réussite. »
Pour qu’une routine devienne un réflexe, Sygo encourage les gens à « placer la barre à un niveau moyen ». De cette façon, les petites victoires – comme la prise de décisions qui renforce notre discipline au fil du temps – commencent à ressembler à de grandes victoires.